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Qui peut avoir accès aux aides technologiques?

15 octobre 2021

Depuis quelques années, le monde numérique occupe une place de plus en plus importante dans le système scolaire. Dernièrement, en période de pandémie, le personnel enseignant a effectué un virage à la vitesse grand « V » dans le monde du virtuel. Pourtant, plusieurs élèves se servaient déjà d’ordinateur portable incluant des logiciels d’aide à la lecture et à l’écriture. Qui peut avoir accès à ces aides technologiques? Les outils technologiques sont accordés à un élève souffrant de graves difficultés ou de troubles d’apprentissage afin qu’il puisse démontrer ses réelles compétences. Des exemples vous aideront à connaître les situations où les aides technologiques sont un besoin prioritaire pour l’élève.

Qui peut avoir accès aux aides technologiques?

Pour commencer, l’accessibilité aux aides technologiques n’est pas automatique pour tous les élèves ayant des besoins spécifiques. Un mythe à oublier : seulement les personnes dyslexiques et dysorthographiques ont droit aux outils technologiques. Non, il existe plusieurs situations qui exigent que l’apprenant sache se servir d’un portable et de certains logiciels.

Avant d’arriver à cette décision, des interventions ciblées sont primordiales afin de fournir toutes les chances de réussite à l’élève ayant des besoins particuliers. Ensuite, l’équipe-école impliquant différents spécialistes se réunit pour analyser la situation. Puis, les résultats se partagent avec les parents lors du plan d’intervention afin d’établir une démarche de transition pour favoriser l’apprentissage des outils.  Un diagnostic n’est pas nécessaire pour accorder les aides technologiques sauf qu’une évaluation s’impose avant de poser certaines interventions pédagogiques. Plusieurs étapes seront nécessaires pour offrir cette solution à un élève en difficulté et le travail à long terme va commencer. L’apprenant doit apprivoiser en même temps : l’apprentissage du doigté, les différentes fonctions d’un ordinateur, l’utilisation des logiciels d’aides, sans oublier qu’il devra s’habituer aux regards des autres. Malheureusement, plus nous attendons d’offrir les outils technologiques à des élèves dans le besoin, plus l’écart du retard académique est grand ainsi que le découragement de l’élève. La perte de l’estime de soi et le doute de pouvoir réussir sont aussi des éléments à prendre en considération lors de la décision.

Après avoir lu l’article, si vous pensez que votre enfant en difficulté d’apprentissage pourrait avoir besoin d’aides technologiques pour actualiser son potentiel, vous devrez en discuter avec la direction. Si votre enfant n’a pas de plan d’intervention, il devra être évalué, recevoir des interventions ciblées (au moins 6 mois) avant de songer aux outils techniques. Ensuite, est-ce la bonne solution pour lui? Les outils technologiques demandent une implication de l’enfant, un engagement des parents, un encadrement des enseignants et des spécialistes du milieu scolaire. Une intervention ciblée avec une rééducation de fond est des pas vers une meilleure réussite. La solution magique n’existe pas. Tout doit se réaliser dans les règles de l’art.

Vous pouvez consulter les sites suivants afin d’en apprendre un peu plus sur le soutien des aides technologiques que les apprenants peuvent recevoir pour actualiser leur potentiel. Vous aurez aussi d’autres renseignements plus concrets concernant les outils technologiques qui ne se limitent pas seulement au portable : l’achat, les différentes fonctions d’aide, le programme d’allocation pour des élèves à besoins particuliers.

Le site du ministère de l’Éducation : http://www.education.gouv.qc.ca

Le site du Réseau pour le développement des compétences des élèves par l’intégration des technologies (RÉCIT) en adaptation scolaire : https://www.reciadaptscol.qc.ca

 

Exemples d’élèves qui ont besoin des aides technologiques

  • Élève ayant une dyslexie et une dysorthographie

Les enfants souffrant d’un trouble du langage écrit (dyslexie et dysorthographie) ont été  les premiers à se servir de l’informatique afin de faciliter leur cheminement scolaire. Nous savons que ce sont des enfants dotés d’une intelligence « normale » et qu’ils peuvent avoir accès à une scolarité comme la majorité des autres élèves de leur âge. Par contre, nous pouvons retrouver des cas ayant des besoins plus particuliers.

Les aides en lecture et en écriture sont essentielles pour leur parcours scolaire. Au primaire, pour certains élèves le trouble n’est pas détecté pour différentes raisons : il est léger, l’élève possède un potentiel supérieur à la moyenne, il a développé des moyens compensatoires pour rendre son trouble invisible ou autres facteurs. D’habitude, à la fin du 2e cycle, les signes sont plus évidents et l’apprenant ne peut plus compenser. Plusieurs parents diront que tout a commencé à la fin de la 3e année. Le dépistage précoce devient une intervention primordiale pour tous les écoliers.

Naturellement, plus l’élève apprend tôt le doigté sur le clavier, plus il devient habile. Certains élèves ont pris du temps à s’approprier le doigté et les outils technologiques pour différentes raisons. D’autres peuvent aussi en avoir besoin seulement à la fin du primaire parce qu’ils arrivent à fonctionner sans trop de difficultés. Il demeure que le trouble d’apprentissage vient aggraver le parcours scolaire souvent à la fin du primaire ou au début du secondaire. Au cours du 2e cycle, les textes à lire sont plus longs et plus abstraits ainsi que la rédaction des productions écrites. À ce moment, les outils technologiques doivent être accessibles ainsi que l’encadrement pour apprendre à les maîtriser.  La préparation doit se réaliser avant le début du secondaire parce que plus on attend, plus l’apprenant ne voudra pas s’en servir parce qu’il sera différent de la majorité. Le regard des autres devient très important à l’adolescence. Nous devons créer des habitudes et des automatismes avant le passage au secondaire.

 

  • Élève ayant plusieurs troubles d’apprentissage

Malheureusement, un trouble d’apprentissage vient rarement seul parce que des troubles associés sont souvent présents. L’ensemble des problèmes amènent des choix de mesures d’accommodation pour les différents troubles.

J’ai suivi un élève à partir de la 2e année jusqu’à la fin de son secondaire. Après une rééducation ciblée (6 mois), malgré une nette amélioration du français écrit, les difficultés étaient toujours persistantes.  Une évaluation neuropsychologique a confirmé: un trouble de l’attention, un trouble du langage écrit (dyslexie/dysorthographie), une dyscalculie et un problème visuel (difficulté à distinguer certaines couleurs). Les aides technologiques ont été un moyen efficace de développer son potentiel à son maximum. L’acceptation fut très rapide malgré le travail à réaliser.

 

  • Élève dyspraxique qui a des difficultés au niveau moteur

La calligraphie est laborieuse et très ardue ce qui a pour effet de ralentir l’élève lors de la rédaction d’un texte. En plus, la fatigue est tellement grande d’avoir à se concentrer sur le tracé des lettres qu’il oublie souvent le mot suivant à écrire et il n’a pas de temps pour se corriger.

Il existe différents problèmes moteurs qui peuvent nuire aux apprentissages des apprenants. La dysgraphie (difficulté avec le tracé des lettres) est rarement mentionnée dans un parcours scolaire, pourtant elle fait partie d’une réalité. Les aides devraient être accordées à ce trouble sauf qu’il est peu connu.

 

  • Élève ayant un trouble d’inattention, très minutieuse et avec le syndrome de la page blanche.

Une jeune fille ayant un trouble d’inattention n’arrivait jamais à terminer sa production écrite à temps. Le syndrome de la page blanche augmentait l’anxiété de performance. Elle trouvait difficilement des idées en lien avec le contexte et il était encore plus long de les développer. L’élève perdait beaucoup de temps à débuter son travail parce qu’elle ne savait pas quoi écrire. Ensuite, sa calligraphie était très précise ce qui augmentait le stress et elle n’arrivait pas à terminer dans les délais.

Au primaire, j’ai demandé à ses enseignantes de corriger le brouillon parce qu’il était très propre et impeccable. Elle perdait plusieurs minutes à recopier un texte qui était impeccable sur son brouillon. En plus, elle n’avait aucun problème en français écrit.

Au secondaire, le portable était devenu nécessaire afin qu’elle se concentre à développer ses idées et à rédiger. La rééducation avait donné d’excellents résultats et le syndrome de la page blanche était chose du passé. Le fait d’écriture son texte sur un portable lui permettait de sauver du temps pour améliorer la cohérence, la pertinence des idées et se corriger. Naturellement, elle n’avait pas droit aux logiciels de correction. Le choix des aides technologiques dépend de chaque cas et nous devons tenir compte des faiblesses et des forces de chaque élève.

 

  • Élève anxieux ayant un trouble d’apprentissage non spécifique

L’anxiété peut nous jouer de vilains tours et certains élèves le vivent tous les jours, surtout en période d’évaluation. Les outils technologiques peuvent soutenir les élèves qui ont peur de manquer de temps, qui n’arrivent pas à se réviser, qui se fatiguent rapidement et pour d’autres raisons. Les besoins de l’enfant doivent toujours être pris en considération afin qu’il puisse actualiser son potentiel et nous démontrer ses compétences.

 

  • Élève ayant un trouble de dyscalculie, un trouble d’attention avec impulsivité et hyperactivité.

L’élève qui souffre de plusieurs troubles d’apprentissage manque souvent de temps et rapidement la fatigue s’installe. Les enseignants ne souhaitent pas évaluer le niveau de fatigabilité, mais les notions vues dans chacune des matières au programme.

L’hyperactivité et l’impulsivité ne favorisent pas le travail minutieux et précis. Le fait de pouvoir utiliser un portable vient ralentir la vitesse d’écriture et freiner l’impulsivité. En utilisant ses doigts sur le clavier, l’hyperactivité diminue aussi parce que les mains sont occupées. Les mots apparaissent sur l’écran, il contrôle mieux l’organisation de ses idées, la cohérence s’améliore ainsi que le temps de correction, même sans l’utilisation des logiciels.

 

Finalement, plusieurs facteurs peuvent déterminer le choix d’accorder un soutien technologique à un élève. Nous devons impliquer l’apprenant dans cette démarche afin d’avoir son consentement et son engagement.

 

Francine Cloutier
Orthopédagogue clinicienne, médiatrice, autrice, conférencière et superviseure
Clinique CONFIÉ

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