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2 exemples d’utilisation de la classe inversée en science

25 mars 2013

Ce n’est pas la première fois que j’écris sur la classe inversée dans ce blogue. Cette stratégie de gestion de classe fait de plus en plus d’adeptes dans le monde de l’éducation. Même s’il n’y a pas un modèle unique, il y a un fil conducteur dans la façon de fonctionner. Le cours magistral est délaissé pour donner plus de place au travail en classe. Cette stratégie est en quelque sorte un bouleversement dans l’école traditionnelle comme l’expliquent deux acteurs phares de ce mouvement.

Pour donner suite à cette vidéo d’introduction, voici deux exemples de classe inversée en science.

1) La classe inversée en chimie (collégiale)

Cet exemple de classe inversée provient de Christian Drouin qui est enseignant de chimie au Collège de Maisonneuve. Cet enseignant fait partie des références sur le sujet au Québec. Pour illustrer sa façon de fonctionner, j’ai fait une curation de certaines sections de son très bon site Mrprofdechimie.

Comparativement à une classe traditionnelle, la prise de note se fait à l’extérieur de la classe (à la maison, à la bibliothèque, dans le métro, bref, n’importe quel endroit où des capsules vidéo présentant la théorie peuvent être visionnées) et le temps de classe libéré est utilisé pour approfondir, appliquer et assimiler les notions. Puisque le professeur n’a plus à « présenter » la matière, il est disponible pour accompagner, motiver et soutenir les élèves dans leur apprentissage.

Voici une image qui explique bien la classe inversée

Schéma qui explique la notion de classe inversée

Voici une infographie qui donne plus d’information.

Infographie qui explique bine la classe inversée

Voici une vidéo dans laquelle M. Drouin explique sa démarche et les raisons qui le motivent à fonctionner de cette façon.

Voici quelques résultats à un bref sondage réalisé à la fin du cours de chimie organique à l’automne 2012. Le cours s’inscrit dans le cadre de la formation des étudiants (17-20 ans) en Sciences de la nature, profil Sciences santé. Le cours se donne au début de la 2e année d’études collégiales .

Avez-vous l’impression que vos habitudes d’études et de travail ont changé grâce à la classe inversée?Résultats d'un sondage sur l'impact de la classe inversée

Quels ont été les changements ?

Réponses des étudiants(es)

  • Cela m’a forcé à me préparer avant mes cours et à étudier la matière plus que seulement avant un examen (grâce aux exercices faits en classe et à la maison)
  • Je suis plus organisé et je fais plus d’exercices que d’habitude puisqu’on a du temps en classe.
  • Avec la classe inversée, je peux être beaucoup plus en avance que je l’étais auparavant. Ainsi je peux avoir vu toute la théorie et avoir fait tous les exercices nécessaires à un examen une semaine avant la date de celui-ci.
  • Le fait de remplir le cahier de notes avant de se présenter en classe m’encourageait. Au début, je ne l’ai pas fait et le fait de voir les autres avec des notes complètes me motivait plus.
  • La classe inversée m’a obligé à consacrer plus de temps hors de mes cours pour prendre des notes de cours. De plus, je suis d’une nature désorganisée et avec cette nouvelle méthode d’enseignement, j’ai eu quelques difficultés parce que j’ai eu à trouver des moyens pour devenir plus autonome et plus productif.
  • Je profite mieux des outils que l’enseignant met à notre disposition.
  • Je trouve que la classe inversée m’a aidé à étudier en avance et à me mettre à jour. Au lieu de faire mes exercices chez moi et à la dernière minute, je pouvais poser des questions et mieux comprendre. Je m’organise mieux. Je prends le temps de voir la matière avant le cours pour être capable de faire les exercices par la suite.
  • Pour moi, par certains moments, c’était un peu plus de travail étant donné que les autres cours ne suivent pas la même méthode. J’ai dû changer surtout la façon d’organiser mon horaire de travail pour ce cours.
  • La classe inversée permet de prendre de l’avance ou de rattraper un retard ou de mieux comprendre une notion mal comprise la première fois, ce qui est rassurant.

Voici un exemple de vidéo que M. Drouin utilise dans son cours de chimie.

2) La classe inversée en laboratoire (1re secondaire)

Le premier exemple est en lien surtout avec la théorie du cours de science. Ce deuxième exemple est plus en lien avec la pratique et provient d’une idée d’Annie St-Laurent qui est une enseignante de science au Collège de Montréal. Le point de départ de cette idée est la laboratoire d’introduction à la balance à plateaux. En première secondaire, il est important de faire des laboratoires techniques où l’élève doit apprendre à utiliser certains appareils. Pour bien expliquer le fonctionnement de la balance, la séquence est assez traditionnelle. L’enseignant fait une explication et une démonstration du fonctionnement et ensuite l’élève met en application. Le problème est de garder l’attention des élèves pendant la démonstration et surtout de trouver le bon rythme d’alternance entre démo et pratique.

De plus, une fois la démonstration faite, certains élèves ne comprennent toujours pas puisqu’ils sont trop loin dans la classe ou ils étaient distraits pendant quelques secondes. Mme St-Laurent a donc eu comme idée de construire des petites capsules vidéos pour expliquer le fonctionnement de l’appareil. Le laboratoire est donc divisé en petites bouchées théoriques et pratiques.

Capsule vidéo sur le fonctionnement de la balance à plateau

La séquence est simple. L’élève a un cahier de laboratoire qui est divisé en quelques exercices d’appropriation de la balance à plateaux. Chaque exercice est accompagné d’une vidéo que l’élève doit écouter sur son iPad avant de commencer ce qu’il doit faire.

La classe inversée en laboratoire

Une fois que l’élève a complété son exercice, il doit le faire initialiser pour être certains d’avoir bien compris et exécuter sa tâche.

Cette approche a eu un impact énorme sur ce laboratoire. Les élèves ont manifesté une plus grande compréhension des notions et surtout une meilleure appropriation pratique de l’appareil.

Pour donner suite à cette expérience, j’ai publié un peu d’information sur Twitter.

Certains enseignants ont trouvé que l’idée est bonne et mérite plus de développement.

En conclusion, la classe inversée est une stratégie qui va continuer à contaminer des enseignants qui veulent changer leur façon de faire. Comme l’indique un enseignant de mathématique, les élèves aiment sortir du traditionnel.

Par contre, est-ce que cette stratégie est une fin en soi ? Comme l’indique cet enseignant, il est toujours important d’être à l’écoute de nos élèves et de leur proposer un mélange de stratégies et d’approches pédagogiques qui conviennent.

Pour terminer et si le sujet vous intéresse, voici un lien vers une discussion qui a eu lieu sur la classe inversée dans le cadre d’un ClavEd. Vous allez aussi trouver sur ce document une liste des enseignants francophones qui font de la classe inversée.

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